samedi 18 janvier 2020

Bonne chance

Pour une nouvelle année, nous nous souhaitons toujours le meilleur. Le pire doit rester loin. Nous voulons être heureux à tout prix. Mais souvent, malgré tous nos efforts, le bonheur ne vient pas. Nous lui courons après en vain et il résiste à toutes nos tentatives de l’attirer vers nous. Voici comment lui préparer le terrain et lui donner envie de s’inviter.

L'année est encore jeune. Mais à peine les meilleurs vœux et les bonnes résolutions ont-ils été échangés que la réalité rattrape nos souhaits de bonheur, de santé et d'épanouissement. Chaque année la même chose : vers minuit, nous levons notre coupe de champagne, nous nous regardons dans les yeux et nous nous prenons dans les bras en nous montrant sous notre meilleur jour. Nous accueillons l'année à venir avec confiance. Qu'il nous réserve de belles choses, qu'il nous protège de tous les maux. 

Nous nous souhaitons le meilleur, loin de nous le malheur ! Nous voulons être heureux. Est-ce trop demander ? Si l’on nous pose la question, c’est simple : nous voulons avoir de bonnes relations avec les autres et vivre une vie joyeuse, harmonieuse et paisible. Voilà tout. Qui voudrait une existence triste, solitaire et pleine de conflits ? Alors comment se fait-il que nous soyons si nombreux à vivre le contraire de ce que nous souhaitons ? Comment les êtres intelligents que nous sommes réussissent-ils si mal à vivre heureux ? 

A la poursuite du bonheur

Un chien, sous condition que son maître le traite gentiment, est plus apte à vivre le bonheur que nous. Une plante, un animal n’ont-ils pas une vie meilleure que nous si nous ne les en empêchons pas ? Il n'y a que nous, les humains, qui nous donnons autant de mal à mener une belle vie. Malgré tous nos efforts, le bonheur ne veut pas venir. Nous le poursuivons, nous essayons de l’obliger à venir chez nous, nous construisons des empires entiers pour le connaître enfin. Mais il reste absent.

A peine croyons-nous l'avoir attrapé qu'il est déjà parti. Un moment éphémère, un court instant, et c’est déjà fini. Il est comme une brise légère, un parfum précieux à peine perceptible que l’on reconnaît au bruit qu’il fait en s’en allant, comme le disait Jacques Prévert

Beaucoup d'entre nous passent leur vie à regretter un bonheur passé. Noël ne sera plus jamais comme avant. La vie ne sera jamais aussi sereine que lorsque nous étions enfant. Je ne serai plus jamais si amoureux... Notre regard se perd dans le passé et s'attache à ce qui est irrémédiablement perdu. C’est ainsi que nous ne voyons pas ce qui nous attend sur notre chemin d’aujourd’hui. Le regard plongé dans la quête du grand bonheur, nous sommes si absorbés par nos regrets que nous ne remarquons pas que le petit bonheur de l’instant présent essaye d’attirer notre regard. Il sautille devant nous, joyeusement, et nous fait de grands signes. Mais nous passons notre chemin, tête baissée. Et notre petit bonheur reste tout seul en haussant les épaules. 

Les accidents de la vie

Certains ont de la chance et leur bonheur leur fait un croche-pied. Ils trébuchent, vacillent, et parfois tombent. Quand on est par terre, on voit les choses sous un autre angle. On a peut-être le temps de regarder un peu ce qui se passe autour de nous. Quand la stupeur disparaît et les lamentations se dissipent – quel malheur ! Pourquoi moi !? – le vilain caillou qui nous a fait tomber peut s’avérer être un porte-bonheur. Nous prenons conscience de ce qui nous a échappé avant. Nous voyons par exemple que nous ne nous sommes pas si mal sortis jusqu'au moment où nous avons trébuché. Ou peut-être nous reconnaissons qu’une situation nous tapait sur les nerfs depuis longtemps déjà et qu’il n’est finalement pas si mal de changer enfin quelque chose. 

Nous voici à une croisée des chemins. Nous pouvons continuer à nous plaindre et à regretter – ou nous pouvons examiner de plus près ce qui nous a fait tomber. Existe-t-il un rapport avec moi et avec ma façon de vivre ? Est-ce réellement une coïncidence ? N'ai-je vraiment rien à voir avec les circonstances qui accompagnent ma vie ? Ou bien les événements qui m'arrivent sont-ils en train de me passer un message ? Portent-ils des informations pour moiqui pourrait m'aider à prendre une autre direction, à changer de cap ?

Chacun croit ce qu’il veut. Chacun interprète les événements de sa vie à sa manière. Mais d'après mon expérience, il est beaucoup plus agréable de ne pas se sentir comme la pauvre victime d’une vie injuste mais de chercher le rapport entre ce qui m’arrive et moi. Comment se fait-il que je perde mon emploi aujourd'hui ? En quoi cet accident me concerne-t-il ? Pourquoi cette partie de mon corps est-elle malade ? Ceux qui choisissent de chercher les réponses à ces questions se sentent moins impuissants et moins perdus. Il est nettement plus amusant de chercher à détricoter les fils des événements de notre vie que de la subir en serrant les dents. 

Préparer le terrain

Ce n'est qu'un pas, un petit geste. Ne plus voir les choses comme si elles étaient contre nous est comme appuyer sur un interrupteur. Clic. Soudain, tout apparaît sous un autre jour. Ce qui était effrayant devient intéressant. C'est comme dans les images en trompe-l'œil où l'on voit soit une belle femme, soit une vieille sorcière. Les lignes et les couleurs sont les mêmes : le job est toujours perdu et la maladie est toujours là. Mais à partir du moment où je vois un événement non plus comme une menace, mais comme une information, quelque chose d’important change : Les événements commencent à dévoiler leur sens. 

Je ne me sens plus comme une marionnette manipulée par des forces obscures. Je me donne du pouvoir à moi-même quand je fais le lien entre moi et ce qui m'arrive. Je n'attends plus qu'il pleuve des princes ou que le grand lot me tombe dessus. Je ne m'accroche plus à quelques miettes de bonheur que j'ai laborieusement ramassées. Je n'essaie plus à m'amuser le plus possible pour ne pas voir que quelque chose ne va pas dans ma vie. Je prépare le terrain et je fais en sorte que le bonheur ait envie de venir à moi.

Une heureuse année !

C'est ce que je nous souhaite pour cette année : accueillons ce qui se présente. Arrêtons de nous jeter sur la cerise du gâteau mais mangeons-le tout entier. Goûtons à tout ce qui est servi. Que les choses aient un goût amer ou sucré - après tout, ne sommes-nous pas ici pour faire des expériences ? Je nous souhaite de ne pas succomber à la peur quand la tempête fait craquer le sol et de trouver le courage de ne pas combattre nos ennemis supposés à l'extérieur, mais de vaincre nos démons intérieurs. Je nous souhaite de nous aventurer dans notre propre obscurité et d'y envoyer de la lumière, d'illuminer le monde par ce que nous trouvons au-delà de nos côtés sombres et de poser des actes justes dans la conscience de nos capacités merveilleuses. 

C’est possible. Cette année peut être heureuse. Malgré tout ? Grâce à tout. Nous avons maintenant la possibilité d’accueillir l’incertitude et les menaces que nous avons devant nous et de les transformer en quelque chose de lumineux. Il suffit de prendre une lampe et diriger sa lumière sous le lit sur lequel nous nous sommes endormis. Ensuite, éteignons tous ces appareils qui nous aspergent avec de mauvaises nouvelles et qui tentent de nous remonter les uns contre les autres. Levons-nous, sortons, et rencontrons-nous. Car l’ingrédient le plus important pour le bonheur est, depuis toujours, le partage.

 

 

 

 

 

 

 

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