A la sortie de mon livre en novembre 2014, je suis interviewée par cancercontribution.fr, une
plateforme qui réunit les acteurs concernés par le cancer (patients, médecins,
responsables politiques, monde associatif, citoyens) où chacun, avec son
expertise, participe à la co-construction d’une nouvelle vision autour de la
maladie et de ses impacts sur la société.
Vous pouvez lire l'interview entier en cliquant sur plus d'infos:
Il y a
quelque mois, Lauriane Bordernave, médecin anesthésiste, nous avait parlé de
l'importance des thérapies
" complémentaires". Mais quelle est la position
du patient sur ce sujet ?
La
parution du livre La maladie
guérit a été l'occasion d'échanger avec son auteur, Kerstin
Chavent, et d'aborder ce sujet, le rôle du patient, ainsi que d'autres
thèmes qui nous tiennent à cœur.
Kerstin a
été diagnostiquée d'un cancer du sein, soignée avec une chimiothérapie, une
radiothérapie et une intervention chirurgicale :
K - J'ai bénéficié de la
médecine 'allopathique' et j'ai toujours eu la confiance la plus complète en
l'équipe soignante...
Mais ?
K - Mais je me suis sentie
impuissante. J'ai accepté le traitement : ne pas être dans le dénial est
important ; pour ma part, j'ai adhéré aux protocoles, mais c'est tout ce que
j'ai pu faire. Pourtant, je sentais qu'il fallait que je fasse plus, qu'il y
avait autre chose... je me suis approchée des médecines 'complémentaires' : la
réflexologie, l'ostéopathie, le massage chinois, l'acupuncture : ces
disciplines m'ont permis d'abandonner le rôle de victime qui subit un destin
qui lui veut du mal, et de vivre au présent un processus de guérison.
Vous
utilisez le mot 'guérison' qui justement est très peu employé lorsqu'on parle
de cancer...Qu'est-ce que vous entendez par 'guérison' ?
K -
Aujourd'hui, je vais bien ; mais pour que cela dure, je suis persuadée qu'il
n'est pas suffisant de soigner l'organe malade. Je pense que notre corps essaie
de nous parler et que la maladie fait partie de son langage. Dans cette
optique, le cancer n'est pas 'le mal' : je déteste ce dualisme 'bon/mauvais',
cette représentation du cancer en tant que 'monstre', 'ennemi à combattre'...
Il s'agit plutôt d'un message, d'une tentative du corps pour nous dire quelque
chose, pour attirer notre attention sur un aspect négligé. Chaque organe est
relié à une émotion. Dans mon cas, le cancer a affecté le sein, ce qui indique
un déséquilibre entre le "donner' et le 'recevoir'. Je suis persuadée que
le corps et l'esprit ne sont pas séparables, et qu'une guérison durable est
possible uniquement lorsqu'il y a une harmonie complète, un équilibre. Celle
qu'on appelle médecine 'allopathique' et celles qu'on appelle médecines
'complémentaires', sont deux pieds qui permettent de trouver l'équilibre : le
troisième pied - car sur trois pieds, on est bien plus stable que sur deux ! -
est représenté par nous-même. Il s'agit d'une sorte de triangle où les trois
éléments ont la même importance ; ils sont tous essentiels pour garder
l'équilibre.
Ces dernières semaines, le site de Cancer Contribution a mis
le rôle du patient et l'éducation thérapeutique à l'ordre du jour. Qu'elle est
votre opinion à ce propos ? Est-il juste de 'responsabiliser' les patients ?
K
- Autour du mot 'responsabilité', il y a une certaine confusion :
responsabiliser ne signifie pas du tout culpabiliser ! Au contraire, cela
signifie inviter à se prendre en charge, dans l'acception plus positive de
l'expression - celle de prendre soin de soi, d'avoir de la douceur et de la
bienveillance envers soi, de s'occuper de soi, de s'aimer !
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