samedi 31 mars 2018

La Ligue contre le cancer: une association de bien commun?

En tant qu'ancienne malade du cancer, auteur et conférencière, j'ai été invitée à accompagner des femmes en traitement contre un cancer dans un nouveau centre qui allait être inauguré dans l'arrière-pays héraultais: groupes de paroles, ateliers, massages ... Pendant trois ans, la personne qui était à l'origine de ce projet, également une ancienne malade, m'a informée  de son avancement. Sous l'égide de la Ligue contre le cancer, le centre Escale est actuellement en train d'ouvrir ses portes. Comme convenu, je me suis présentée pour animer bénévolement des ateliers d'écriture. Pour cela, j'ai été convoquée pour passer un entretien avec une psychologue de la Ligue. 

Lors de cet entretien, j'ai surtout parlé de l'importance d'aller découvrir en soi le potentiel pour guérir. Ma candidature n'a pas été retenue. J'étais "trop engagée". Suite à ce refus, j'ai envoyé un courrier à la Ligue dans lequel j'explique mon étonnement. J'avais décidé de rendre public ce courrier, ce qui a amené le président du comité de l'Hérault, Jean-Bernard Dubois, à m'accuser de propos diffamatoires. Mon intérêt n'est pas d'entrer dans une bataille quelconque. Je considère néanmoins important que la position d'une association qui se dit d'utilité publique soit connue. Voici notre échange:


Madame, Monsieur,

Je suis au regret de vous informer que votre appel à candidature n’a pas été retenu. Suite à l’entretien avec votre psychologue le 22 février 2018, je ne pourrai pas donner suite à ma proposition de m’engager en tant que bénévole dans le nouveau centre Escale de Gignac. L’échange a dévoilé que nous ne partageons pas les mêmes valeurs.

Ancienne malade qui à fait dans son propre corps l’expérience d’un cancer, j’aurais souhaité, à travers mes ateliers d’écriture, pouvoir témoigner de ce qui m’a aidé si tel aurait été le souhait des inscrits : la décision de regarder le problème en face et de l’accepter, d’écouter le message du mal-a-dit et de prendre la responsabilité pour ce qui se passe dans mon corps. C’est ainsi que j’ai pu dépasser la souffrance qui découlait de mon impuissance et retrouver ma dignité. J’aurais voulu inspirer d’autres à aller chercher en eux-mêmes cette étincelle qui leur permet de devenir créateur de leur chemin de guérison. 

Selon votre psychologue, il ne serait pas souhaitable de partager ses propres expériences lors des interventions. Elle a affirmé à plusieurs reprises que, de toutes façons, les patients ne voulaient pas savoir comment d’autres se sont sortis de leur maladie. En tant que pédagogue, ancienne malade, auteur de plusieurs livres sur le cancer, conférencière et bénévole d’accompagnement, je peux témoigner du contraire et ne peux que m’étonner de cette énormité du côté d’une personne qui se dit formée en psychologie.

A la question de la psychologue ce qui a déclenché mon envie d’intervenir dans le nouveau centre, j’ai répondu que c’était Madame C. O. qui m’avait contactée il y a plus de trois ans et qui m’a depuis régulièrement informée sur l’avancée de ce qui au départ était son projet. Dans ce contexte, j’ai répété mon désaccord avec le fait que son engagement assidu et dévoué n’ait pas été mentionné le jour de la présentation du centre. Suite à cette remarque, votre psychologue s’est montré irritée. Il serait hors de question de mettre en avant certaines personnes et par ailleurs, la Ligue n’avait pas besoin de Madame O. pour ouvrir ses centres. 

Arrivée aux dernières questions, j’ai exprimé ma crainte de ne pas pouvoir garantir une expression libre lors de mes ateliers. La réponse de la psychologue a été claire : C’est la Ligue qui donne l’argent et c’est elle qui commande. 

Pour moi, cet entretien fait preuve non seulement d’un grand manque de respect envers les personnes qui souhaitent s’engager bénévolement. J’observe également une tendance à priver les patients d’informations qui pourraient les aider à mieux vivre avec leur maladie voire la dépasser. Cette attitude que je qualifie de manipulatrice et de dangereuse n’est pas en accord avec une association qui se dit d’utilité publique et qui tire des bénéfices de ce statut.

Suite à cette expérience, je ne me sens pas en confiance avec votre organisation. Je ne pourrai donc malheureusement pas donner suite à votre requête de m’exprimer favorablement à propos de votre centre et de le faire connaître dans mes réseaux et vous dis avec les mots de votre psychologue : Je n’ai pas besoin de la Ligue contre le cancer pour m’engager. 

Respectueusement,
Kerstin Chavent


Chère Madame, 

J’ai lu votre courriel et votre lettre du 27 février 2018 concernant votre éventuelle participation en tant que bénévole à l’Escale Bien Etre de Gignac qui doit ouvrir prochainement sous la responsabilité du comité de l’Hérault. 

Vous avez eu un entretien avec notre psychologue, Mme Marielle Fau. Vous faites état de divergences qui seraient apparues au cours de cet entretien et vous portez des jugements sur les positions de la Ligue contre le cancer, ses objectifs et sur la personne avec qui vous vous êtes entretenue. Tout ceci me parait non seulement discutable mais déplacé. De plus, les propos que vous tenez sur une association qui « se dit d’utilité publique, qui se nourrit des dons et des legs de ceux qui croient bien faire » sont manifestement diffamatoires. 

La Ligue contre le cancer est en effet une association reconnue d’utilité publique qui dépend de ses donateurs qui depuis maintenant 100 ans n’ont pu que constater la bonne utilisation des fonds qui lui sont confiés, l’engagement, le dévouement, la probité de ses bénévoles. 

Je vous prie d’agréer, Chère Madame, mes sentiments les meilleurs. 

Professeur Jean-Bernard Dubois 

Président du comité de l’Hérault LNCC

PS. Nous exigeons un droit de réponse à votre blog

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